Vous le savez, vous avez la fâcheuse tendance à vouloir tout contrôler. Les autres vous le disent et vous le sentez peut-être vous-même, vous ne lâchez jamais rien, cela vous épuise parfois…
Le contrôle n’est bien sûr pas mauvais en soi : Être en contrôle, c’est être compétent et savoir que l’on a les compétences adéquates pour faire face à la situation. Pour autant, tout est une question de circonstance. Il y a des situations où s’assurer que les tâches sont effectuées correctement fait partie de ce que l’on attend de nous.
À d’autres moments, il est nécessaire de savoir prendre sur soi, de se contrôler, c’est même parfois indispensable pour éviter qu’une situation dégénère en conflit. En fait, avoir un tant soit peu de contrôle s’avère bien souvent nécessaire dans nos relations, qu’elles soient professionnelles ou non. C’est bien dans le « trop » que les difficultés apparaissent.
Derrière ce contrôle se cache une peur
Trop de contrôle, notamment de contrôle sur soi, cache bien souvent la peur de commettre des erreurs. À l’origine de ce mécanisme et bien qu’elle ne s’en rende pas compte, la personne recherche ce qui ne va pas en elle et, pour ne pas risquer d’être rejetée, elle compense par la recherche de perfection. Elle s’imagine que pour être acceptée par les autres, elle se doit d’être parfaite. Évidemment, ce comportement est inconscient, il a été mis en place dès le plus jeune âge et est devenu un comportement automatique que la personne reproduit dès lors qu’elle se sent vulnérable.
Dans les relations sociales, que ce soit sur le plan personnel ou professionnel, l’excès de contrôle ressort lorsque l’on tente de satisfaire à des injonctions extérieures qui ne nous conviennent pas.
Cela peut se traduire de manière visible mais aussi de manière détournée, beaucoup moins visible mais les impacts n’en sont pas pour autant plus légers.
Ce qui se voit
Dans l’environnement professionnel, les personnes en excès de contrôle sont des personnes consciencieuses, qui travaillent dur, de manière ordonnée. Ce sont des personnes impliquées sur qui l’on peut compter. Elles ont un niveau d’exigence élevé vis-à-vis d’elles-mêmes, et cela peut aussi se retrouver vis-à-vis des autres avec parfois une forme d’intolérance pour celui ou celle qui ne saura pas répondre au niveau d’exigence qu’elles attendent.
L’excès de contrôle est visible dans certains comportements et entraîne bien souvent des répercussions sur le corps.
Dans les comportements
Comme la peur initiale, non avouée, est de rechercher ce qui ne va pas chez elle, la personne croit qu’elle risque de ne pas savoir répondre aux attentes. Pour compenser, elle en fait trop, elle anticipe tout, vérifie tout, ne laisse rien passer qui pourrait la mettre en défaut. Au bout du compte, elle essaie tant bien que mal de jouer un rôle qui n’est pas le sien, de satisfaire aux demandes en s’appuyant sur des compétences qu’elle n’a pas toujours alors que parfois il suffirait qu’elle s’autorise à laisser paraître une autre facette de sa personnalité qui serait plus adaptée à la situation.
Souvent, le besoin d’être parfait se traduit par un souci du détail exacerbé, rien n’est laissé au hasard, tout doit être parfait dans les moindres détails. Dans l’activité professionnelle, cela se retrouve chez les personnes qui, à force de vouloir tout bien faire, n’arrivent pas à finaliser leur copie, il y a toujours quelque chose à améliorer. Certaines personnes n’arrivent pas à tenir des délais.
Pour d’autres, cela se traduira par une forme de procrastination car elles ne pourront se lancer dans une mission que lorsqu’elles seront sûres de savoir faire ce que l’on attend d’elles. Cela peut conduire à rester dans sa « zone de confort » plutôt que de chercher à évoluer vers de nouvelles missions qui nécessitent de s’ouvrir à l’inconnu, ce qui signifierait perdre une part de contrôle.
Au niveau du corps, les tensions
En s’appuyant sur des compétences qui ne sont pas véritablement les siennes, la personne se met elle-même la pression. Ce qui trahit de manière bien visible ce contrôle exacerbé sont souvent ces tensions que l’on détecte au niveau du haut du corps, du dos, des cervicales, des mâchoires… Cela se voit, et cela est aussi très palpable : les muscles que l’on sent à la surface du corps sont tendus, noués.
Ce qui se voit moins
Le contrôle exacerbé se limite rarement à ce qui est bien visible, il concerne aussi ce qui se voit moins, comme les émotions, les désirs, le corps dans sa structure plus profonde.
Trop de contrôle des émotions
Ne rien laisser paraître pour ne pas donner de prise à ses interlocuteurs, rester « de marbre » face à une situation délicate, ce type de contrôle peut ressembler à une parade stratégique de celui ou celle qui maîtrise son image, d’un leader que l’on admire. Pour autant, c’est aussi craindre de se montrer vulnérable, ne pas assumer ses faiblesses. C’est brider cette part de soi qui donne sa propre humanité. Dans le contrôle exacerbé, bien souvent montrer sa colère est pour la personne la pire des choses car la colère est assimilée à une émotion violente, négative qui traduit un total manque de maitrise de soi. Or la colère, tout comme les autres émotions, a toute sa place, et l’exprimer de façon appropriée permet de la libérer pour passer à une action constructive.
Trop de contrôle de soi
C'est-à-dire trop de contrôle de la personne que l’on est, ou plutôt de celle que l’on croit être, peut avoir des effets très négatifs. Quand on se soumet à un contrôle de soi important, que l’on bride de manière systématique sa façon de se comporter, cela peut s’avérer néfaste car sans même s’en rendre compte, on se ferme à la fois à soi et également aux autres.
Quand on se contrôle au point de se verrouiller, on n’est plus en mesure de se rendre compte de ce qui se passe autour de soi. On est alors incapable de voir ses propres difficultés et d’être à l’écoute des autres.
Quand on se ferme à soi, on ne peut pas s’ouvrir aux autres.
Il s’agit d’effectuer un travail sur soi pour mettre à jour les blessures initiales invisibles à l’origine du fonctionnement. Parfois, les barrières physiques, bien visibles, sont plus faciles à lever que certaines blessures initiales restées dans l’ombre, qui peuvent être les plus dures à surmonter.
La susceptibilité peut être un indicateur de trop de contrôle de soi. Une personne susceptible est souvent très émotive et se vexe pour un rien. Elle se sent offensée et surréagit à ce qu’elle prend pour une attaque personnelle. Vouloir tout bien faire pour ne pas avoir à supporter la critique revient à s’imposer un excès de contrôle, cela traduit un manque de connaissance de soi.
Trop de contrôle du corps
L’excès de contrôle peut entraîner des répercussions sur le corps : cela survient quand on veut tout contrôler avec la tête en soumettant son corps de manière excessive. Cela peut être volontaire au départ avant de devenir un réflexe inconscient.
Pour illustrer, il y a bien sûr les dysfonctionnements alimentaires comme l’anorexie ou la boulimie, mais il y en a d’autres, beaucoup moins visibles et de fait moins connus. Le sport pratiqué de manière très rigoureuse, sans être à l’écoute du corps, peut s’avérer extrêmement destructeur ; alors que la personne croit bien connaître son corps, elle ne fait que le nier en cherchant à le dominer.
À l’extrême, trop de contrôle peut conduire à une sorte de dissociation de la personne, qui peut se traduire au niveau du corps par une scission entre ses différentes parties. C’est un point qu’Alexander Lowen a développé dans les années 1950 à travers l’analyse bioénergétique, une approche thérapeutique basée sur l’intégration corps-esprit. Cette approche qui donne une place importante au corps est confirmée par les neurosciences qui, au travers de l’activité neuronale, établissent l’interconnexion corps-esprit.
Le « trop » de contrôle va d’un fonctionnement qui pénalise la personne dans sa progression au dysfonctionnement lourd qui relève de la pathologie. Tout est une question de curseur.
Quand on a conscience de développer ce type de fonctionnement, il s’agit de trouver comment ajuster son comportement pour sortir du contrôle excessif qui pourrait devenir nuisible.
Comment sortir du contrôle excessif ?
Comme on l’a vu précédemment, trop de contrôle traduit bien souvent un manque de connaissance de soi qui peut aller jusqu’à se fermer à soi-même. Pour y remédier, il s’agit alors de s’ouvrir à soi et aux autres. Cette ouverture permet de prendre conscience de qui on est et de son impact sur les autres, de connaître ses propres compétences et d’y voir de la valeur. S’ouvrir, c’est aussi se donner la possibilité de voir des choses que l’on ne voit plus, comme ces personnes prêtes à nous tendre la main que, jusqu’à présent, on a ignorées de manière involontaire, parce que l’on est trop fermé pour les voir.
La connaissance de soi sur laquelle repose l’estime de soi dépend de chacun et de son évolution personnelle. Selon les périodes de vie que l’on traverse, cette connaissance va s’affiner avec la maturité. On retrouve le processus d’individuation décrit par C.G Jung. Ce processus peut se définir comme la voie individuelle de réalisation personnelle.
>> Dans la première période de la vie adulte, il s’agit d’abord d’identifier ses compétences, ses talents, ses points forts.
>> Ensuite, il s’agit de clarifier ses valeurs, ses modes de fonctionnement, ses ressources.
>> Puis vient le temps de découvrir notre part d’ombre, cette part de nous-même qui comporte à la fois des aspects négatifs, que l’on estime devoir réprimer, mais également des aspects positifs, des ressources que l’on occulte inconsciemment. Il s’agit alors d’accueillir notre part d’ombre, celle qui nous fait peur et qu’inconsciemment, on essaie de masquer par du contrôle.
Tout cela permet de clarifier ce qui nous anime, ce qui donne du sens.
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Les enjeux d’une telle réflexion sont de prendre conscience progressivement de ses multiples facettes et d’apprendre à composer avec cette ombre qui fait partie de la personne que l’on est. Il ne s’agit plus de la réprimer mais plutôt d’être dans l’acceptation d’une part de nous-mêmes qui nous donne notre humanité.
Le contrôle n’a alors plus lieu d’être, il s’agit plutôt de s’autoriser à ne pas être parfait en laissant paraître notre vulnérabilité.
Elisabeth Passilly,
Accompagnatrice du changement – Coaching professionnel et formation
>> LE COACHING : UN CHANGEMENT DE PERSPECTIVE POUR SE RETROUVER SOI
Le Coaching, c’est proposer un angle d’approche différent pour permettre à la personne de comprendre son propre fonctionnement et l’amener à retrouver sa cohérence.
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